Friday 25 July 2008

Insolences, dérisions, railleries, et autres manifestations de l'esprit

Après les mauvaises pensées choisies des écrivains, voici une petite sélection de réparties, tirées de: Jean Piat et Patrick Wajsman, Vous n'aurez pas le dernier mot! Petite anthologie désinvolte des plus belles réparties, Albin Michel, Paris, 2006.

*Le chansonnier et poète Albert Willemetz avait presque autant d'esprit que son ami Sacha Guitry. À la fin, c'est pourtant bien Sacha qui aura le dernier mot. Il souffre le martyre. Albert W. se désole, à son chevet:
- C'est affreux, pour un vieil ami comme moi, de te voir dans cet état.
-Dans ce cas, proposa Sacha d'une voix faible: fâchons-nous!


*Lettre enflammée de Victor Hugo à Arthur Rimbaud: "Poète admirable, je vous aime!"
Réponse de Rimbaud, par retour de courrier: "Je sais que ce n'est pas facile, mais tâchez de m'oublier; voyagez!"


*Au milieu d'un dîner bien arrosé, un invité se vante auprès de Marcel Aymé:
-Moi, je me suis fait tout seul!
-Ah, lui répond Marcel Aymé, monsieur, vous déchargez Dieu d'une bien grande responsabilité.


*Au restaurant, Alphonse Allais examine avec soin la carte et le menu. Il finit par commander:
-Donnez-moi, pour commencer... une faute d'orthographe!
Et le garçon, imperturbable, répond du tac au tac:
-Il n'y en a pas, monsieur Allais.
-Alors, dans ce cas, pourquoi les mettez-vous sur le menu?


*À la mort de Gide, Roger Nimier envoie à François Mauriac -qui redoutait par dessus tout d'aller en Enfer- le télégramme suivant:
"Enfer n'existe pas. Stop. Donne-toi du bon temps. Stop. Préviens Claudel. Stop. Signé: Gide."


*À l'occasion de quatre-vingtième anniversaire, Winston Churchill pose pour la photo traditionnelle:
-J'espère, dit la jeune photographe, que je pourrai prendre, un jour, la photo de votre centenaire.
-Et pourquoi pas, lui répondit Churchill, mademoiselle, vous avez l'air en pleine forme!


*"Maître, pourriez-vous faire plus court?" demandait, impatient, un président de tribunal à Albert Naud, qu'il trouvait trop prolixe. Sans s'émouvoir, celui-ci termina sa plaidoierie en quatre phrases.
Il désigna du doigt son client:
-Lui, innnocent!
Puis la partie civile:
-Lui, méchant homme!
Puis le président:
-Toi, bon juge!
Et, en se rasseyant:
-Moi, fini!


*Voltaire se promène avec un de ses amis, lorsqu'un prêtre, portant le saint viatique, vient à passer. Le philosophe ôte son chapeau.
-Vous seriez-vous réconcilié avec Dieu? s'enquiert son compagnon de promenade, surpris par ce geste.
-Nous nous saluons, mais nous ne nous parlons pas.


*Une admiratrice à un acteur de théâtre, Marcel Achard:
-Cher Maître, je ne rate jamais une de vos pièces!
-Moi si, hélas, chère madame, lui rétorqua l'académicien en souriant.


*Le 30 avril 1981, Ronald Reagan est blessé par une balle tirée par un déséquilibré. Au moment où le brancard pénètre dans l'hôpital, son épouse, Nancy, qui arrive de la Maison Blance, se précipite vers lui et lui chuchote quelques mots de réconfort. Le président, qui n'a jamais vraiment oublié sa carrière d'acteur de western, lui glisse:
-Désolé, chérie, cette fois, je n'ai pas plongé assez tôt!


*-Est-ce que la représentation a bien marché? demande-t-on à l'acteur de théâtre Jules Berry, après l'une de ses prestations?
-Pas mal, répondit-il: le souffleur a eu six rappels. (J B était réputé pour sa mauvaise mémoire...)


*Au cours d'un tête-à-tête Nixon-Brejnev au Kremlin, Nixon interroge le dirigeant russe:
-Comment fonctionne votre économie?
-C'est très simple. Ils font semblant de travailler et nous faisons semblant de les payer.


*Agatha Christie ne dédaignait pas les conférences pour s'expliquer sur son oeuvre. Une jeune fille se lève et lui demande:
-N'est-ce pas un choix étrange, madame, pour une romancière, d'avoir épousé un spécialiste des fouilles en Orient?
-Au contraire. Je ne saurais trop vous conseiller de faire comme moi. Épousez un archéologue. C'est le seul homme au monde qui regardera avec de plus en plus d'intérêt au fur et à mesure que vous vieillirez...


*Un noble aborde Adolphe Thiers et lui demande:
-Monsieur Thiers, de qui descendez-vous?
Thiers, d'un trait:
-Moi, monsieur, je ne descends pas. Je monte.


*Émile Littré ne fut pas seulement un grammairien hors-pair, il sut manier la langue avec beaucoup d'esprit, même dans les situations délicates. L'auteur du dictionnaire se trouve dans le lit conjugal avec une servante alors que son épouse entre sans prévenir:
-Ah, monsieur, vous me surprenez, dit-elle.
-Non, madame, corrige alors Littré, c'est nous qui sommes surpris. Vous, vous êtes étonnée.


*Au Conservatoire national d'art dramatique, Louis Jouvet, professeur, à François Périer, jeune élève:
-Si Molière voit comment tu interprètes ton Don Juan, il doit se retourner dans sa tombe.
Et Périer, sur le même ton, rétorque:
-Comme vous l'avez joué avant moi, ça le remettra en place.


*-Êtes-vous déjà allé à Bayreuth? demande-t-on à Woody Allen.
-Absolument pas. D'ailleurs, c'est mieux ainsi parce que chaque fois que j'entends du Wagner, cela me donne envie d'envahir la Pologne!


*François, comte de Montmorency-Bouteville, coupable de s'être battu malgré l'édit de Louis XIII contre les duels, fut conduit au billot en 1627. Le bourreau, un débutant nerveux, lui dit:
-Tenez-vous bien, monsieur le comte, c'est la première fois que cela m'arrive!
-Imbécile! Crois-tu que c'est la seconde fois que cela m'arrive à moi?

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Monday 21 July 2008

"La Foule" (Piaf), par Mattrach

À l'heure où le monde s'enflamme pour Édith Piaf, un jeune homme, Matthieu, surnommé Mattrach, exécute une superbe interprétation de "La Foule" (Piaf), sur une guitare accoustique.

Note pour les amateurs de chant lyrique: je publierai bientôt, à nouveau, des billets sur l'opéra.


La musique originale fut composée par Angel Cabral, en 1953, et les paroles de "Amore de mis amores", furent écrites par Enrique Dizeo. La transcription pour guitare fut réalisée par Roland Dyens.





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