Friday 23 May 2008

Séminaire LIRE (CNRS-ENS LYON): littérature, musique et histoire

Gaëlle Loisel, une amie, participe à ce colloque de l'équipe mixte de recherche LIRE (19ème s.). Elle y exposera ses travaux sur Berlioz et Shakespeare.



Séminaire Lire
Journée des doctorants : 29 mai 2008

Organisation : Équipe 19e Lyon
29 mai 2008 : Journée des doctorants du LIRE

Programme

14h00 Pierre CRÉTOIS : « Le bien commun chez Rousseau »


On peut opposer deux conceptions de la vie publique : (a)une fondée sur l’union et donc sur l’accord de tous, (b) l’autre fondée sur le consensus et donc sur la gestion du désaccord entre les individus. La philosophie politique contemporaine tend à privilégier la seconde hypothèse, Rousseau préfère manifestement la première : la loi n’est pas un moyen de maintenir la paix sociale malgré la divergence des intérêts particuliers, elle n’est donc pas un consensus, mais la loi est l’expression unifiée de l’intérêt général à laquelle doivent être soumis les intérêts particuliers. Ceci entraîne deux conséquences importantes : (a) on ne calcule pas le bien commun en faisant la somme des intérêts et droits individuels, mais au contraire, les intérêts et les droits individuels doivent être distribués à partir d’une réflexion première sur l’intérêt général ; (b) l’expression du bien commun n’est pas le résultat d’un dialogue entre intérêts divergents cherchant un point d’équilibre entre eux, mais il est le résultat d’un monologue par lequel un « moi commun » (Contrat Social I,5) délibère sur les conditions du bien-être général. 14h25 : discussion

14h45 Elodie SALICETO : « Rome, Pauline, les Mémoires : Chateaubriand et la Muse néoclassique »

Nous développerons une réflexion qui pourra constituer l’épilogue d’un travail de doctorat consacré à la définition d’un néoclassicisme littéraire à travers les enjeux esthétiques de la représentation de l’Italie en France (1790-1820).

À partir des livres consacrés à Pauline de Beaumont, une mise en scène savamment orchestrée des Mémoires d’outre-tombe, nous tâcherons de montrer comment cette figure semble a posteriori synthétiser la démarche néoclassique de Chateaubriand, en particulier dans la tension entre le tragique de l’Histoire et une logique réaffirmée de continuité patrimoniale. Le texte agit en effet à la manière d’un véritable dispositif qui articule différents enjeux – esthétique, historique, mémoriel – tous intimement liés à l’inscription dans le sol romain.

D’abord présentée sous le signe de la perte, la Muse du moderne Orphée en vient à incarner à la fois la fracture et la pérennité du souvenir ; cette Muse de la modernité littéraire va permettre un premier pas vers la jointure de l’Ancien monde et du présent en refondation. 15h10 : discussion

15h30 pause

15h45 Gaëlle LOISEL : « Berlioz et Shakespeare à travers Lélio ou le Retour à la vie. »

Nos recherches portent sur la réception de Shakespeare et ses adaptations musicales par Hector Berlioz. A ce titre, nous questionnons à la fois l’œuvre littéraire (Mémoires, correspondance et critique musicale) et l’œuvre musicale du compositeur, afin de voir en quoi Shakespeare constitue une pierre angulaire de l’esthétique berliozienne.

À travers l’exemple de Lélio ou le Retour à la vie, nous envisagerons les modalités de présence de Shakespeare dans une œuvre musicale singulière : un mélologue. L’œuvre alternant monologues et pièces musicales variées, nous verrons comment s’articulent divers procédés, de la mise en scène de figures shakespeariennes par le biais de processus d’identification à l’adaptation musicale d’œuvres comme la Tempête, en passant par l’intégration de Shakespeare dans le cadre d’un discours critique sur la musique. 16h10 : discussion

16h30 Malgorzata ZIOLO : La cruauté : masculine/féminine ? La Marquise de Sade de Rachilde et « l’affaire Troppmann »

En 1869, l’opinion publique est profondément bouleversée par l’assassinat de huit personnes de la famille Kinck, commis par un jeune garçon de dix-neuf ans, Jean-Baptiste Troppmann. Ce crime mystérieux devient le sujet de nombreuses spéculations dans la presse, dans lesquelles transparaissent les principales préoccupations et craintes de l’époque : la famille, les conflits sociaux, le nationalisme, l’homosexualité.

La protagoniste de La Marquise de Sade, roman de Rachilde paru en 1887, s’identifie explicitement avec un des plus grands criminels du XIXe siècle. Mary Barbe considère en effet la cruauté comme un moyen de transgresser l’ordinaire condition féminine, perçue comme celle de victime. Cette prise de distance par rapport au féminin passe par la figure de la mère, première source d’identification pour la fille.

Les penchants criminels, ceux du protagoniste de « l’affaire Troppmann », ainsi que ceux du roman de Rachilde, sont toujours associés à l’identité sexuelle trouble, féminisée dans le cas de Jean-Baptiste et masculinisée dans celui de Mary Barbe.

16h55 : discussion

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