Saturday, 24 May 2008

"Una furtiva lagrima", Giuseppe di Stefano

Vous trouverez ici un enregistrement de l'air "Una furtiva lagrima", interprété par Giuseppe di Stefano, en 1944.




Les amateurs de chant lyrique ont été très émus d'apprendre le 3 mars 2008, la mort de Giuseppe di Stefano.

Giuseppe Di Stefano (24 juillet 1921 – 3 mars 2008) est né en Sicile. En 1927, sa famille déménagea à Milan. Il fit son éducation dans une école jésuite et envisagea de devenir prêtre. À 16 ans, il commença à prendre des cours de chant avec le ténor Adriano Torchio. En 1941, après avoir remporté un certain nombre prix, il continua sa formation sous la houlette du bariton Luigi Montesanto.
La Seconde Guerre mondiale rendit son activité difficile: il fut appelé à remplir son devoir. Mais il réussit à échapper à l'envoi sur le front russe. Il resta peu de temps à Milan et s'enfuit en Suisse. Il revint en Italie à la fin de la guerre.

Le début officiel de sa carrière eut lieu le 20 avril 1946 en tant que Des Grieux, dans Manon de Massenet (1884), au Teatro Comunale, à Reggio Emilia. Il interpréta ce rôle à la Scala di Milano l'année suivante.
Le tournant international eut lieu dès 1948: le 25 février 1948, il est le Duce de Mantua dans Rigoletto (Verdi, 1851) au Metropolitan Opera (New York); en 1957, il interprète Nemorino dans L'Elisir d'amore (Donizetti, 1832) à l'Edinburgh Festival; et en 1961, il interprète Cavaradossi, dans Tosca (Puccini, 1900), au Royal Opera House et au Covent Garden (London).

Pour tous les amateurs, le nom de di Stefano est attaché à celui de Maria Callas. Leur duo, à la Scala ou ailleurs, sont d'une qualité exceptionelle. Il chanta aussi avec Leontyne Price, Victoria de los Angeles, Renata Scotto...
Au début des années 60, à cause de problèmes respiratoires, il doit mettre un terme à sa carrière opératique. Il consacre ensuite sa carrière à des récitals.

En novembre 2004, di Stefano et son épouse sont pris en chasse en voiture par des voyous alors qu'ils sortaient de leur maison (Kenya), rattrapés et violemment battus. Pendant plus jours, di Stefano reste inconscient. En 2007, il est rapatrié à l'hôpital San Raffaele à Milan, où il entre en coma. Il mort chez lui, à Santa Maria Hoè, près de Milan, le 3 novembre 2008.



Cet enregistrement, l'un des premiers qu'il effectue, date de 1944. À cette date, di Stefano est en Suisse. Deux sources sont possibles: soit la radio locale et HMV pour laquelle il effectua quelques performances; soit une admiratrice, Wala Dauwalder, qui fit des enregistrements privés.
L'air est extrait de l'opéra en deux actes L'Elisir d'amore (1831), écrit par Donizetti (1797-1848). Le livret fut écrit par Felice Romani, d'après le livret Le Philtre, d'Eugène Scribe. La première eut lieu le 12 mai 1832 à Milan. L'air "Una furtiva lagrima" est l'un des plus célèbres du répertoire. Il est chanté par Nemorino, un jeune premier, méditant sur une larme aperçue à l'oeil de la jeune femme, Adina, qu'il aime et dont il ne se croit pas capable de conquérir le coeur.
À cette époque, di Stefano a encore une voix très souple, car il n'a pas interprété de rôle trop lourd pour sa tessiture. En dépit d'une qualité médiocre, l'enregistrement laisse entendre la vivacité et la tonicité de la voix. On reconnaîtra immédiatement la maîtrise du pianissimo (que Bergonzi ne parviendra jamais à réaliser en dépit de son talent), qui repose sur une excellente technique de respiration.







2 comments:

Cédric Eyssette said...

Merci de nous faire découvrir ce magnifique enregistrement.
Cette interprétation est vraiment subtile et sublime.
À noter : on peut entendre cet air dans _Match Point_ de Woody Allen (mais par Enrico Caruso il me semble).
Cédric

Mikolka said...

Bonjour,

Je vous remercie pour votre commentaire. Je me demandais si les visiteurs de mes blogs trouvaient un intérêt à ces extraits opératiques. Vous m'encouragez à en mettre d'autres! J'espère qu'ils vous plairont.
Je confesse que di Stefano, dans les bonnes années, emporte toute mon admiration: une technique vocale extraordinaire doublée d'une vraie intelligence dramatique.
Je connais très mal (en fait, pas du tout) Woody Allen. Je suis donc allé vérifier sur IMDB: cet air est effectivement interprété par Enrico Caruso dans Match Point.
Si cet air vous plaît beaucoup (et peut-être l'opéra entier), je vous conseille de visionner L'Elisir d'Amore, chez Hardy Classic Video, avec Scotto et Bergonzi. Si je peux le trouver sur internet, j'en mettrais un extrait.
Amicalement,